À bouquiner, à regarder aux Açores

Sur les traces des baleiniers

Pendant des siècles, la chasse à la baleine a non seulement soutenu l’économie des Açores mais a aussi forgé l’identité culturelle et sociale de ses habitants. Interdite en 1984, cette activité a laissé une empreinte indélébile, inspirant un riche imaginaire littéraire et cinématographique. Dans Femme de Porto Pim et autres histoires, Antonio Tabucchi explore cet héritage complexe à travers des personnages qui représentent des symboles de la lutte humaine contre la nature. Son récit, oscillant entre réalité et métaphore, interroge le rapport intime des insulaires à la mer. Le film Le Chant d’une île, réalisé par Joaquim Pinto et Nuno Leonel, évoque en parallèle les défis de la pêche artisanale, aujourd’hui confrontée à des pressions similaires à celles qui ont autrefois mis fin à la chasse à la baleine. Enfin, le documentaire Les derniers baleiniers de São Miguel (2019) nous plonge dans les souvenirs des derniers témoins de cette époque révolue, offrant une vision poignante de ces hommes de la mer, acteurs d’une tradition qui a façonné l'âme açorienne

Héroïnes des îles

Dans Gros temps sur l’archipel, Vitorino Nemésio raconte l’histoire de Margarida Dulmo, une jeune femme intrépide issue d’une famille baleinière en déclin. À travers elle, Nemésio dresse le portrait d’une société insulaire du début du XX^e siècle, où les tensions entre la tradition et les premiers signes de modernité sont palpables. Margarida devient ainsi une figure de résistance, affrontant les épreuves avec détermination dans un environnement où la mer et les tempêtes symbolisent les défis de la vie insulaire. Quant à Clarinha de Muriel Bloch, ce conte revisité met en scène une héroïne captivante qui, arrachée à sa terre natale par un oiseau géant, doit faire face à de nombreux obstacles pour retrouver son foyer. Ce récit initiatique, empreint de féminisme et d’accents philosophiques, déploie toute la magie des Açores et célèbre la résilience féminine face à l’adversité. À travers Margarida et Clarinha, les Açores se révèlent comme un terreau fertile pour les héroïnes, où les luttes personnelles résonnent avec la beauté et la dureté des éléments naturels.