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La kasbah de Boulaouane (El Jadida)
23 janv. 2024
Si son nom Boulaouane sonne familier, c’est que c’est ici, dans les terres du pays Doukkala loties dans l’arrière-pays d’El Jadida, que les cépages du vin gris marocain s’épanouissent. Mais le vignoble ne saurait éclipser la découverte de la kasbah de Boulaouane qui dresse ses fières murailles au-dessus des méandres de l’oued Oum-Er-Rbia. Peu de touristes s'aventurent ici lors de leur voyage au Maroc, et pourtant…
Perchée telle une sentinelle de pierre…
Certains prétendent que la Kasbah de Boulaouane n'est qu’un tas de vielles pierres. Il est vain de les contredire… D’autres s’émerveillent de l’histoire de la cité voulue par Moulay Ismaïl. Les épicuriens, eux, se délectent simplement d’une échappée bucolique aux confins de l’arrière-pays des Doukkala. La kasbah de Boulaouane, perchée telle une sentinelle de pierre sur un éperon rocheux, domine une vaste plaine agricole.
Bien-sûr, il faut de l’imagination pour tenter de faire revivre la cité de Moulay Ismaïl. Certes, les murailles crénelées et le minaret de la mosquée résistent encore. Mais il reste peu de choses de la demeure royale et des entrepôts historiques. On imagine difficilement qu’en son temps, la forteresse grouillait de soldats et de gardes prêts à mater les brigands, les hors-la-loi et autres tribus dissidentes. Et pour cause, la kasbah de Boulaouane fait partie du funeste club des sites historiques marocains en péril.
Au-delà de l’intérêt historique du site…
Si la kasbah est à l’agonie, cela n’empêche pas la magie du site d’opérer. Il faut s’aventurer sur les remparts pour tenter de reconstruire le puzzle architectural et historique de la citadelle… À vous d’identifier ce qui fut jadis la maison du sultan, la cour intérieure, le hammam, la mosquée et la koubba.
Au-delà de l’intérêt historique du site, la kasbah de Boulaouane offre l’occasion rare d’un tête-à-tête avec un type de construction d’ordinaire réservé au sud. Et puis il y a bien-sûr la vue imprenable sur l’Oued Oum-Er-Rbia. Ce fleuve serpente à travers les paysages ondulés des Doukkala. Les légendes épiques des soldats de l’armée de Moulay Ismaïl ont laissé place à la douceur de la vie campagnarde.
Lorsque les derniers rayons de soleil embrasent la vallée de l’oued Oum-Er-Rbia, on assiste, béats, aux noces du vent et de la lumière si particulière du Maroc. Le silence monacal, à peine trahi par la présence d’une poignée de moutons inonde l’instant d’une profonde plénitude.
De Moulay Ismaïl à Saint-Exupéry
Sur le fronton de la porte monumentale, on peut lire (traduction aidant) une inscription en parfait état de conservation « kasbah édifiée sous le règne du victorieux, puissant, conquérant avéré, notre seigneur Ismaïl, le champion de la guerre sainte pour la cause du Maître du monde, que Dieu lui donne son aide et la victoire, et sous la surveillance de son serviteur, assisté de Dieu, Abou Othman Ilyas Saïd Ben El Khayat, que Dieu l'assiste, à la date de l'hégire 1122 » (correspondant à l'année 1710 du calendrier grégorien).
Pour tenter de déchiffrer cette traduction, un rewind historique s’impose… Nous sommes au XVIIIe siècle. Après la chute des Sâadiens, une nouvelle page de l’histoire du Maroc s’ouvre avec la dynastie Alaouite dont Moulay Ismaïl, le légendaire sultan marocain est le deuxième souverain. Si le commerce connaît un essor sans précédent, la zone commerciale, elle, n’est que partiellement pacifiée. Pour contrôler le territoire, Moulay Ismaïl ne tarde pas à faire bâtir une série de kasbahs (76 dit-on !), le long de la façade Atlantique. La kasbah de Boulaouane, avec sa belle position géostratégique est une de celle-là. Elle serait d’ailleurs, dit-on, la mieux conservée. Ce qui laisse imaginer l’état de ses consœurs…
Mais revenons aux Doukkalas. À la croisée de Marrakech, de Fès et de Rabat, le site de garnison permettait donc de contrôler les voies commerciales et navigables. Il faisait aussi office de lieu d’entrepôt.
Plus anecdotique est l’histoire d’une des figures emblématiques liée à la kasbah de Boulaouane. Antoine de Saint-Exupéry aurait suivi la route de la kasbah de Boulaouane en 1927 pour rencontrer le Caïd Ahmed Tounsi qui régnait alors sur les lieux. Ce voyage lui aurait inspiré Citadelle, œuvre posthume et inachevée de l’auteur du Petit Prince. Rien que ça !
La kasbah de Boulaouane en pratique
Y aller : à 75 km au nord de El Jadida et à 125 km au sud de Casablanca